Je travaille sur un logiciel de gestion des marchés publics, qui informatise et automatise beaucoup de traitements réalisés par les différents acteurs de la chaîne de l'achat public. Nous répondons à des appels d'offres dans lesquels les acheteurs expriment leurs besoins. Le degré de maturité des cahiers des charges est très variable, depuis le quasi vide jusqu'à la description complète d'un logiciel sur mesure. J'en ai tiré quelques réflexions très générales.
Premier élément : le futur utilisateur décrit la plupart du temps un besoin adapté à son organisation actuelle, sans logiciel, et vise à améliorer les traitements réalisés manuellement. Il ne veut donc pas remettre en cause son organisation et ne peut que difficilement se projeter sur les possibilités et les contraintes d'un futur déploiement de logiciel.
Deuxième élément : l'informatisation d'une gestion à des coûts (licences, formations, appropriation, paramétrage,...). L'opération a donc un intérêt limité s'il s'agit simplement de reproduire une logique papier à l'écran.
Synthèse : le logiciel est un outil, qui s'il est suffisamment souple et paramétrable, ne porte pas en lui un modèle d'organisation imposé, mais du ROI immédiat et du potentiel, des limites et des contraintes. Sans remettre en cause l'organisation, le déploiement du logiciel doit être l'occasion de travailler différemment, pour en tirer d'avantage de bénéfices.
L'histoire doit être connue et m'a été contée par un collègue : un consultant Accenture doit informatiser un système de fiche papier pour la Poste. Le formulaire papier prévoit les cases ZL et ZO. Les utilisateurs savent quoi cocher en fonction de la ville mais ne savent pas à quoi correspond cette donnée. Le consultant finit par interviewer un retraité de la Poste qui répond très étonné "Ah bon ils continuent de remplir ça ? C'était pendant la guerre pour distinguer la Zone Libre et la Zone Occupée"...
Quand on informatise, il faut aussi se poser la question du sens de ce qu'on fait à la main. C'est toute une transaction à mettre en place entre les SI et les directions métier. Je vois parfois des budgets "réunionite" conséquents pour les intégrateurs pour des choses qui relèvent d'un peu de bon sens. Mais c'est facile à écrire quand on est à l'extérieur.